Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu ? » Jésus lui répondit : « (…) vous connaissez le chemin qui conduit où je vais. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas, comment en connaîtrions-nous le chemin ? » Jésus lui dit : « Je suis le chemin et la vérité et la vie. » Évangile selon Jean 13, 36 & 14, 4-6.
Dans les dernières semaines de l’année 2024, Andrée a enfin vu son vœu se réaliser : le Seigneur l’a rappelée. Bien que pas bien grande, elle en a vu et vécu des choses du haut de ses cent cinq ans ! Peut-être trop et c’est sans doute pour cela que, à chacune de nos rencontres, elle martelait : « je prie tous les jours pour que le Seigneur me rappelle. » N’avait-elle pas quand même, comme tout le monde, peur de la mort ? Sa réponse, limpide, tient en cinq mots : « je sais où je vais ! »
Je n’oserais certes pas affirmer que la foi d’Andrée est plus grande que celle des apôtres Thomas et Pierre ; quoique… ?
Et voici qu’une nouvelle année démarre. Tous nos vœux n’y feront rien, elle devrait avoir le même goût que les précédentes : la température montera, la création s’appauvrira, les guerres séviront, la misère produira des métastases, nos artères prendront de l’âge, des solidarités fleuriront, des amours naîtront, des enfants aussi, le printemps chassera l’hiver et passera à son tour, … Bref, elle apportera son lot de joies et de chagrins, de gestes de violence et de gestes de paix, de beauté et de mocheté, de questions et d’espoirs. Comme tous les ans, mais sans que, comme tous les ans, nous ne sachions où elle va nous mener.
Quoique…
Comme Andrée, humble paroissienne d’un coin du nord de la France, nous pouvons aussi affirmer : «je sais où je vais».
L’espérance devinée à Noël nous ouvre un chemin qui traverse tout ce qui fait la vie, toutes ses richesses et toutes ses incertitudes. Alors, si nous partageons la foi d’Andrée, dans le désordre ambiant et tous les aléas de l’existence, nous savons où nous allons.
Et aussi que quelqu’un nous y attend et même nous en trace le chemin, mieux, il en est le chemin.
Alors, bonne année ? Elle sera ce qu’elle sera, elle aura du bon et du moins bon ; l’important est de la traverser en sachant où l’on va.
Alors bonne route en deux mille vingt-cinq… et au-delà !
Jean-François Bonhomme