« Marie, ayant pris une livre d’un parfum de nard pur de grand prix, oignit les pieds de Jésus, et elle lui essuya les pieds avec ses cheveux; et la maison fut remplie de l’odeur du parfum ». Jean 12/3
Nous nous trouvons, avec ce geste de Marie, face à une scène un peu folle. Elle verse sur Jésus un parfum qui vaut une année de salaire. Elle le verse sur ses pieds. Il était possible, en signe d’accueil, de mettre du parfum sur la tête des convives, mais pas sur leurs pieds. Enfin, elle les essuie, ces pieds, avec ses cheveux, alors qu’il était inconvenant, à l’époque, pour une femme, de détacher ses cheveux.
A quoi comparer cette scène, aujourd’hui ? Je me souviens que lors de mes études de théologie, un de nos professeurs nous avait raconté qu’il arrive parfois que des personnes, folles de douleur, sautent dans la tombe, sur le cercueil de leur proche au moment de l’inhumation. Je pense que c’est de cela qu’il est question avec Marie, d’une certaine manière. A l’opposé, à l’inverse. En effet, quelque temps avant cette histoire, il s’est passé le contraire d’une inhumation. Jésus a ressuscité le frère de Marie, Lazare.
Nous comprenons que le geste fou de Marie exprime ce que les mots ne peuvent contenir alors qu’elle se trouve face à une victoire sur la mort, cette puissance qui blesse inexorablement les hommes depuis la nuit des temps. Marie dit merci. Parce qu’elle a tant reçu de Jésus, elle peut, en retour, tout donner, serait-ce le plus cher parfum. Marie, aussi, je pense, confesse par ce geste, la divinité de Jésus. Alors qu’on met de l’huile parfumée sur la tête de ses invités pour leur souhaiter la bienvenue, leur dire qu’ils sont avec nous chez eux, comme des égaux, elle met cette huile sur ses pieds. Ainsi, se situe-t-elle en dessous et avec lui, manifestant qu’elle est en présence du seul qui puisse avoir autorité sur la vie et sur la mort, la source de toute vie, Dieu lui-même.
Alors, nous dit le texte, la douce odeur se répand dans la maison. Un parfum tel qu’il permet à chacun d’oublier la puanteur qui régnait dans le cercueil de Lazare. Un parfum qui dit ce qui adviendra bientôt et que Marie pourra garder. Bientôt, Jésus va mourir et il va ressusciter, il va vaincre la mort, à jamais. Et nous, comme Marie, nous pourrons le reconnaître et nous pourrons l’aimer. C’est d’ailleurs ce que nous devrons faire, en tout premier. Aimer. L’aimer parce que son amour est victorieux. L’aimer. Pour nous aimer, les uns, les autres.
« Marchez dans l’amour, à l’exemple de Christ, qui nous a aimés, et qui s’est livré lui-même à Dieu pour nous comme une offrande et un sacrifice de bonne odeur. » Ephésiens 5/2
Pasteur Aurélie Derupt