Livre du prophète Ésaïe 35, 3-6 : Rendez fortes les mains fatiguées, rendez fermes les genoux chancelants. Dites à ceux qui s’affolent : soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la rétribution de Dieu. Il vient lui-même vous sauver. Alors, les yeux des aveugles verront et les oreilles des sourds s’ouvriront. Alors, le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. Des eaux jailliront dans le désert, des torrents dans la steppe.
Cet été a vu se succéder aux jeux olympiques la glorification des athlètes aux corps tutoyant la perfection, puis celle des athlètes abîmés. Rapprochement audacieux.
Bien avant les échéances sportives modernes, Ésaïe s’intéresse à ceux-ci, qui n’ont pas la chance d’un corps jeune, vigoureux, intact : les manchots, les estropiés, les dépressifs, les aveugles, les sourds.
Et il provoque, l’Ésaïe ! Il annonce la remise en ordre de ce qui est évidemment irréparable : la vue pour l’aveugle, l’ouïe pour le sourd, le cri pour le muet, le quatre-cents mètres haie pour le boiteux. Et, pour bien montrer que ce n’est que rêve, de l’eau, de l’eau en surabondance, là où on ne la trouve pas.
Rêve, folie, délire ? Comment serait-ce possible ? Qui pourrait faire ce renversement, ce rétablissement insensé ? Il est nommé : c’est notre Dieu « Notre Dieu qui vient lui-même nous sauver ».
Bien sûr, les chrétien.nes l’appellent Jésus, ce dieu porteur de salut.
Mais… Mais, Jésus est venu et ils sont toujours là les aveugles, les sourds, les handicapés de bien des façons. Alors ? Rêverie, folie, délire du vieux prophète ?
Pas vraiment : il énonce, annonce l’étape préalable : « fortifiez, affermissez, confortez/encouragez, portez l’espérance » à ceux qui sont esquintés, qui souffrent de lourds manques.
Plus tard, Jésus nous intimera la solidarité active avec les affamés, les assoiffés, les dépouillés, les emprisonnés. Ici, Ésaïe porte-parole du même dieu, nous intime la solidarité active avec les handicapé.es.
Les jeux paralympiques nous ont séduit.es ? Bien ; maintenant, en commençant par nos églises, si nous nous occupions vraiment des esquintés ? Les fortifiant, les affermissant, les rassurant.
Appelés au même salut, ils ont sans doute besoin de plus d’amour et d’espérance sur le chemin qui y conduit. Et pas seulement le temps d’une médaille, fût-elle d’or.
Ainsi s’approche le royaume de Dieu.
Jean-François Bonhomme