Décembre 2024 – Les mains dans le cambouis

Décembre 2024 – Les mains dans le cambouis

Jésus naquit à Bethléem en Judée, à l’époque du roi Hérode. [Marie] mit au monde son fils premier-né. Elle l’emmaillota et l’installa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle. (…) Alors Hérode… envoya tuer, dans Bethléem et tout son territoire, tous les enfants jusqu’à deux ans. (…) Joseph se leva donc, prit avec lui l’enfant et sa mère, en pleine nuit, et se réfugia en Égypte.   Évangiles selon Matthieu 2,1a ; 16 ; 14 et Luc 2, 7

Ainsi commence la vie de Jésus, l’envoyé du Seigneur.

On est tout de suite dans l’ambiance : naissance dans un bled ignoré du fin fond de l’empire romain, loin des capitales et loin de chez lui, sans logis, menacé, traqué, contraint de fuir.

On subodore tout de suite de qui le sauveur du monde va se faire le plus proche : les déplacé.es, les sans-abri, les persécuté.es, les condamné.es à mort, les exilé.es, les réfugié.es…

Il est venu proposer le salut à tout le monde, le prince de la paix, mais c’est d’abord à celles et ceux qui en ont le plus besoin, les plus menacé.es, les plus fragiles. Et il se fait plus que solidaire avec eux, il se fait eux.

Sans attendre d’avoir grandi, alors que, bébé, il est dans la plus grande dépendance, c’est tout de suite qu’il s’incarne dans la chair des petit.es ; d’entrée de jeu, il a les mains, le corps, la vie, dans le cambouis de la misère et de la détresse humaines.

Il est bon de fêter Noël, de s’attendrir sur un nouveau-né, de s’échanger des présents, de resserrer à cette occasion les liens familiaux, de dire son amour à ses proches. Mais n’oublions pas d’abord de louer le Seigneur pour le plus extraordinaire des cadeaux qu’il puisse nous faire depuis la création, son fils, et ensuite de faire en sorte que Noël ne soit pas festivité futile et sirupeuse, mais solidarité avec les plus proches de Jésus. Solidarité concrète, telle qu’elle a été exprimée récemment lors d’un culte dans notre paroisse fivoise, plantée dans un quartier où rode la misère, où mijotent des colères, sise à une centaine de kilomètres de la Côte d’Opale où désespèrent et périssent des exilé.es de passage, pas bien loin d’un Centre de Rétention Administrative pour étrangers, encadrée de petits bidonvilles régulièrement livrés à la destruction sans issue digne, où l’espérance reste une chimère pour beaucoup de gens ; voici cette prière que nous pouvons prendre comme prière de Noël, chacune, chacun, ensemble :

Prions pour élargir notre capacité d’accueil individuel et collectif pour chaque personne qui frappe à notre porte.
Prions pour les personnes que nous croisons dans la rue et qui sont dans la détresse.
Prions pour les personnes qui viennent à l’accueil de la Bonne Nouvelle.
Prions pour que les personnes qui cherchent refuge dans notre pays soient considérées comme des êtres uniques, dignes d’être écoutés et secourus.
Prions pour que face aux discours de haine et d’exclusion, fleurissent les actions solidaires.

Jean-François Bonhomme

Image : La fuite en Egypte de Vittore Carpaccio