Les rois de Tarsis et des Îles enverront des présents ; les rois de Saba et de Séva paieront le tribut. Tous les rois se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront. Psaume 72, 10-11
L’autre jour au culte, Lucie m’a raconté ce qu’il s’était passé la veille à l’accueil paroissial appelé « La Bonne Nouvelle ». Comme nous étions dans le temps de l’Épiphanie, les copines en charge de l’accueil ce samedi ont naturellement pensé à amener une galette des rois. Mais, pour des raisons pratiques, ça n’a pas bien fonctionné et, au bout du compte, pas de galette à partager. Dommage, car ce genre de petit geste, modestement, tisse du lien, apporte un peu de gaîté, de chaleur aux personnes que nous accueillons et qui, souvent, en ont très besoin. Donc, pas de galette. Tant pis !
Sauf que, sauf que.. voilà t’il pas que, tardivement, débarque Bébert*, le plus cabossé de la bande, celui que nous avons du mal à canaliser quand il prend tout l’espace pour lui tout seul, celui dont le langage de la rue détonne en ce lieu d’église, celui d’entre nous qui a le plus souvent affaire aux flics du secteur. Et il arrive avec … une grande galette, proclamant qu’il l’a achetée pour nous tou.tes.
Alors, découpe, partage, découverte de la fève, moment de détente bienvenue, moment d’être bien ensemble, furtif moment de communauté.
Bébert, s’il ne l’a pas reçue, a payé la tarte avec les sous qu’il glane en mendiant dans les rues de Fives.
Précieuse galette, précieuse fève, n’est-ce pas ?
Ah, j’oubliais, c’est lui, Bébert, qui a eu la fève, et donc la couronne. Ce jour-là, un roi inattendu nous est venu, non pas de Tarsis, ni de Saba, ni de Séva, mais de la rue, avec un présent à sa manière.
Jean-François Bonhomme
* prénom inventé
