Seigneur, écoute ma voix suppliante, quand je crie vers toi, quand je lève les mains vers le fond de ton sanctuaire. Psaume 28, 2.
Un dimanche récent, gris et pluvieux, le culte se déroule comme à l’accoutumée. Au milieu de la prédication, arrive une grande femme d’âge moyen, qui tire une charrette à courses. Nous la connaissons un peu par notre accueil sur la rue et par l’aide alimentaire, pas par sa participation aux temps spirituels ni au culte.
Elle s’assied en silence.
En fin de culte, au moment alloué à la prière libre, elle se lève, parle à voix haute et distincte ; et ses mots pèsent, cris de douleur et d’espérance à la fois, des mots qui prennent aux tripes … et qui rappellent quelque chose.
C’est Olivier qui, quelques jours plus tard, a éclairé ma comprenette, élucidé ce quelque chose : « ses mots étaient comme un psaume ». Il a raison. Cette dame a recomposé le psaume 28 (ou un autre de la même veine) avec ses propres mots, pour aujourd’hui.
| Psaume 28 | Prière spontanée de cette dame |
| 1. Seigneur, c’est à toi que je crie 2. écoute mes supplications 4. Traite les méchants selon leurs actes et selon leurs méfaits 7. C’est dans le Seigneur que mon cœur se confie Mon cœur est dans la joie et je te loue par mes chants 5. Qu’il abatte les méchants et ne les relève pas ! 9. Seigneur, sauve ton peuple ! | Seigneur, je suis fatiguée j’ai trop souffert Seigneur, on m’a fait tant de mal, je ne pardonnerai jamais Seigneur, merci, merci beaucoup de m’avoir fait venir jusqu’ici Seigneur, merci, je me sens bien ici Non, Seigneur, je ne leur pardonnerai jamais Seigneur, merci de m’avoir amenée ici ! |
Olivier a raison. La dame, qui n’a sans doute jamais lu un psaume, n’a pas usé de paroles convenues pour dire sa prière, Elle a sans doute choqué plus d’une oreille dans le Foyer du peuple, mais de son cœur a coulé un psaume.
Que retenir ?
La profondeur et la poignante sincérité de la prière de la dame ?
Ou bien l’incroyable fraîcheur des psaumes, prière de tous les temps, prière pour toutes les femmes et pour tous les hommes ?
Jean-François Bonhomme
